Le genre Taurotragus regroupe de grands bovidés africains connus pour leur stature imposante et leurs cornes spiralées. Ces antilopes, qui comptent parmi les plus massives du continent, se distinguent par leur allure trapue, leur robe aux teintes fauves et leur aptitude à s’adapter à divers habitats, des savanes sèches aux zones boisées. Le genre se limite actuellement à deux espèces vivantes, bien qu’il ait autrefois compris davantage de taxons fossiles.
Les espèces formant le genre Taurotragus
LES ESPECES
Le genre Taurotragus comprend deux espèces actuelles :
*Éland commun (Taurotragus oryx) : Il s’agit de la deuxième plus grande antilope d’Afrique, pouvant atteindre 1,8 mètre au garrot pour un poids dépassant 900 kg chez les mâles. L'espèce occupe une vaste aire de répartition allant de l'Afrique de l'Est à l'Afrique australe. Elle est caractérisée par une robe brun clair, parfois rayée de bandes verticales blanches, et des cornes spiralées chez les deux sexes, bien que plus développées chez les mâles.
*Éland de Derby (Taurotragus derbianus) : Plus rare et généralement plus grand que Taurotragus oryx, l’éland de Derby est principalement présent en Afrique de l’Ouest et dans certaines zones d’Afrique centrale. Il se divise en deux sous-espèces : Taurotragus derbianus derbianus et Taurotragus derbianus gigas. L'espèce est aujourd'hui menacée, notamment en Afrique de l’Ouest, où ses populations sont réduites et fragmentées.
Les deux espèces partagent des caractéristiques morphologiques similaires, mais se distinguent par la taille, la morphologie des cornes, la pigmentation et des éléments comportementaux.
TAXONOMIE
Le genre Taurotragus regroupe les élands, les plus grandes antilopes d'Afrique, majestueuses avec leur corps imposant et leurs cornes spiralées présentes chez les deux sexes. Leur histoire taxonomique est un excellent exemple de l'évolution des classifications scientifiques, où les observations morphologiques initiales se sont enrichies des découvertes génétiques, menant parfois à des interprétations différentes selon les autorités.
L'histoire des élands dans la taxonomie moderne débute au XVIIIe siècle. C'est le zoologiste allemand Peter Simon Pallas qui, en 1766, décrit pour la première fois l'éland commun sous le nom de Antilope oryx. À cette époque, le genre Antilope servait de vaste catégorie pour de nombreuses espèces d'antilopes.
Cependant, il devint évident que ces animaux massifs méritaient une classification plus spécifique. En 1855, le zoologiste allemand Johann Andreas Wagner propose alors le genre Taurotragus. Le nom, judicieusement choisi, est une combinaison du grec "tauros" (taureau) et "tragos" (bouc), soulignant la robustesse et les caractéristiques de ces animaux. L'éland de Derby, la plus grande des antilopes, fut décrit par John Edward Gray en 1847, initialement sous le genre Oreas, avant d'être finalement intégré à Taurotragus par la plupart des taxonomistes.
Au sein de la famille des Bovidae, le genre Taurotragus est généralement placé dans la sous-famille des Bovinae et, plus précisément, dans la tribu des Tragelaphini (les antilopes à cornes en spirale), aux côtés de genres comme Tragelaphus (koudous, nyalas, sitatungas).
C'est ici que l'histoire devient complexe et révèle une divergence intéressante. Tandis que de nombreux ouvrages de référence et bases de données scientifiques (comme Mammal Species of the World ou Ungulate Taxonomy de Groves & Grubb) continuent de reconnaître Taurotragus comme un genre distinct pour les élands, l'IUCN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) a fait le choix de classer les élands sous le genre Tragelaphus.
Cette décision de l'IUCN est principalement basée sur des études de phylogénie moléculaire. Ces études ont démontré que les élands (Taurotragus) sont génétiquement très proches des espèces de Tragelaphus, et que le genre Tragelaphus, s'il n'incluait pas Taurotragus, ne serait pas monophylétique (c'est-à-dire qu'il ne contiendrait pas tous les descendants d'un ancêtre commun). Pour assurer une classification qui reflète au mieux l'arbre évolutif, l'IUCN a donc regroupé ces lignées. Cependant, les différences morphologiques évidentes entre les élands et les autres Tragelaphus expliquent pourquoi le genre Taurotragus reste largement utilisé dans la littérature non génétique.
Pallas, P.S. (1766). Miscellanea zoologica quibus novæ imprimis atque obscuræ animalium species describuntur et observationibus iconibusque illustrantur. Petropoli.
Gray, J.E. (1847). List of the specimens of Mammalia in the collection of the British Museum. British Museum, London.
Wagner, J.A. (1855). Die Säugthiere in Abbildungen nach der Natur, mit Beschreibungen. Leipzig.
Wilson, D.E. & Reeder, D.M. (Eds.). (2005). Mammal Species of the World: A Taxonomic and Geographic Reference (3rd ed.). Johns Hopkins University Press.
Moodley, Y., & Harley, E. H. (2005). Phylogenetic relationships of the tribe Tragelaphini (Mammalia: Bovidae) inferred from mitochondrial DNA sequences. Molecular Phylogenetics and Evolution, 36(1), 226-238.
Groves, C. P., & Grubb, P. (2011). Ungulate Taxonomy. Johns Hopkins University Press.