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Cheval sauvage de Livno


Le cheval sauvage de Livno est une population de chevaux domestiques ensauvagés, dont l'histoire est intrinsèquement liée à la région karstique de la municipalité de Livno en Bosnie-Herzégovine. Ces chevaux sont les descendants d'animaux domestiques qui ont été relâchés par leurs propriétaires dans les années 1950 et 1960, principalement en raison de la motorisation croissante de l'agriculture et des transports, rendant leur utilisation moins nécessaire. Adaptés à un environnement rude, ils vivent aujourd'hui en liberté sur le plateau de Kruzi, une vaste zone s'étendant sur environ 150 km² entre les monts Cincar et Krug. Malgré leur statut d'animaux féraux (sauvages en apparence, mais d'origine domestique), ils sont devenus un symbole emblématique de la faune locale et représentent une attraction écotouristique majeure. Leur présence soulève des questions importantes concernant la conservation, la gestion de la faune, et l'équilibre délicat avec les activités humaines et l'environnement.


Cheval sauvage de Livno
Cheval sauvage de Livno
© Darko Vrljic - Wikimedia Commons
CC-BY (Certains droits réservés)



DESCRIPTION

Le cheval sauvage de Livno présente une morphologie robuste et rustique, caractéristique des équidés adaptés à des conditions de vie difficiles en haute altitude et dans un climat continental rude. Leur apparence générale reflète un mélange de races domestiques d'Europe de l'Est et des Balkans, notamment des chevaux de trait et des races de montagne plus légères qui étaient autrefois utilisés pour les travaux agricoles et le transport dans la région.

Leur taille est généralement moyenne, mesurant en moyenne entre 135 et 145 centimètres au garrot, bien que des individus plus grands puissent être observés. Le poids moyen d'un adulte varie généralement entre 350 et 450 kg, ce qui est un poids idéal pour l'équilibre entre la masse corporelle nécessaire pour résister au froid et la légèreté requise pour l'agilité sur terrain montagneux. Cette stature modeste est un avantage pour naviguer sur les terrains accidentés et caillouteux du karst. La tête est souvent proportionnellement grande par rapport au corps, avec un profil droit ou légèrement convexe, témoignant de leur ascendance mixte. Les membres sont courts et très solides, avec des sabots remarquablement durs et bien formés, capables de résister à l'abrasion du sol calcaire sans nécessiter de ferrage. Leur carrure est compacte et musclée, ce qui leur confère une grande endurance et une résistance physique essentielle pour parcourir de longues distances à la recherche de pâturages et d'eau.

Le pelage est épais et dense, avec une crinière et une queue fournies, offrant une excellente isolation contre le froid hivernal, où les températures peuvent chuter bien en dessous de zéro, et les vents forts. Les robes sont variées, mais les couleurs de base telles que le bai, l'alezan et le gris sont les plus courantes. Le caractère féral se manifeste par une vigilance accrue et des réactions rapides face à l'homme ou à d'autres menaces, contrastant avec la docilité de leurs ancêtres domestiques. Cette morphologie adaptée est le résultat d'une sélection naturelle impitoyable opérée au fil des décennies par l'environnement, favorisant les individus les plus résistants et les plus aptes à survivre sans intervention humaine, ce qui les distingue clairement des chevaux maintenus en captivité.


Cheval feral de Livno
Cheval féral de Livno
Source: Youtube
CC-BY (Certains droits réservés)

HABITAT

La population de chevaux sauvages de Livno est géographiquement circonscrite à une zone spécifique de la Bosnie-Herzégovine, principalement concentrée sur le plateau de Kruzi (également appelé Kruzi Plateau), qui est la partie septentrionale du champ de Livno (Livanjsko polje). Cette région se situe au sud-ouest du pays, entre les majestueux monts Cincar à l'est et Krug à l'ouest, à des altitudes variant généralement entre 1 100 et 1 300 mètres au-dessus du niveau de la mer.

L'habitat est dominé par des paysages de karst dinarique, caractérisés par des reliefs calcaires, des dolines, des gouffres, et des étendues de roches nues, entrecoupées de vastes pâturages de haute montagne. Ce terrain est notoirement difficile, avec un sol mince et caillouteux qui rend l'agriculture intensive impossible, expliquant en partie l'abandon initial des chevaux domestiques. L'environnement climatique est un continental de montagne extrême, avec des étés chauds et secs où les ressources en eau peuvent devenir limitées, et des hivers longs et rigoureux, marqués par d'abondantes chutes de neige, des gelées intenses, et des vents violents de type bora.

La zone de répartition de ces chevaux est estimée à environ 150 km², bien que leurs mouvements puissent varier en fonction de la saison et de la disponibilité des ressources. En été, ils tendent à rester sur les pâturages élevés du plateau, profitant de la végétation disponible. En revanche, lorsque la neige recouvre le plateau en hiver, ils sont contraints de descendre vers des altitudes plus basses ou des zones moins enneigées pour trouver de la nourriture, se rapprochant parfois des routes et des établissements humains. Les ressources en eau sont un facteur limitant crucial dans cet habitat karstique, car l'eau de pluie s'infiltre rapidement dans le sous-sol. Les chevaux dépendent donc de quelques sources naturelles, de mares temporaires ou de l'eau accumulée dans les dolines.


ÉCOLOGIE

L'écologie du cheval sauvage de Livno est celle d'un herbivore social jouant un rôle significatif dans la dynamique des écosystèmes du plateau de Kruzi. Ces chevaux sont organisés en groupes sociaux stables, principalement sous la forme de harems, composés d'un étalon dominant, de plusieurs juments et de leurs jeunes poulains. Les étalons célibataires forment également des groupes séparés, attendant l'opportunité de prendre le contrôle d'un harem. Cette structure sociale est essentielle pour la protection contre les prédateurs (bien que les grands prédateurs comme les loups soient rares ou absents dans certaines parties de leur aire), la recherche collective de nourriture et d'eau, et l'apprentissage des itinéraires de migration saisonnière.

En tant que grands brouteurs, leur principal rôle écologique est le maintien des prairies ouvertes. Leur pâturage sélectif et leur piétinement contribuent à empêcher la succession écologique vers des habitats ligneux, favorisant la biodiversité des espèces végétales de prairies qui nécessitent de la lumière et ne supportent pas l'ombre des arbustes et des arbres. Leurs excréments contribuent également à la fertilisation et au recyclage des nutriments dans un sol pauvre. La diète est principalement composée d'herbes et de graminées trouvées dans les pâturages de haute montagne, mais, en période de disette, ils sont obligés de consommer des plantes ligneuses ou des arbustes, élargissant ainsi leur niche alimentaire.

La période de reproduction est saisonnière, les poulinages ayant généralement lieu au printemps et au début de l'été, lorsque les ressources alimentaires sont les plus abondantes pour soutenir la mère et le poulain en croissance. Le taux de mortalité des poulains est cependant relativement élevé en raison des conditions environnementales rudes et des prédateurs occasionnels. La relation avec l'eau est cruciale; en été, les chevaux parcourent de longues distances pour atteindre les sources et les points d'eau permanents.

L'étude de leur écologie est vitale pour la gestion de la conservation, car leur densité de population peut influencer la capacité de charge du pâturage et entrer en concurrence avec le bétail domestique. Leur présence a également un impact sur la biodiversité locale en créant des micro-habitats et des ouvertures dans la végétation, favorisant ainsi certaines espèces d'insectes et d'oiseaux qui dépendent des prairies. Ils représentent l'un des rares exemples européens où une population d'équidés féraux peut jouer un rôle écologique similaire à celui des grands herbivores indigènes disparus.


ORIGINE

L'origine du cheval sauvage de Livno est relativement bien documentée et distincte de celle des véritables chevaux sauvages (Equus ferus). Cette population est le résultat direct de l'ensauvagement de chevaux domestiques par l'homme au milieu du XXe siècle. Dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, et plus particulièrement à partir des années 1950 et 1960, la région de Livno a connu une modernisation progressive de l'agriculture et de l'économie locale. L'introduction du tracteur et des véhicules à moteur pour le transport a rendu la force de travail des chevaux obsolète pour de nombreux propriétaires.

Dans un contexte économique difficile, maintenir et nourrir des chevaux qui n'avaient plus d'utilité pratique est devenu un fardeau financier. Plutôt que d'abattre ou de vendre leurs animaux, beaucoup d'habitants des villages environnants, notamment ceux des hauts plateaux, les ont simplement relâché dans les vastes étendues de pâturages de montagne du plateau de Kruzi. Ces chevaux abandonnés, principalement des croisements de races locales utilisées pour le travail et le transport, ont rapidement formé des troupeaux et, privés d'intervention humaine, ont développé des comportements de survie et une structure sociale férale. Les races souches exactes sont diverses, mais elles incluent probablement des chevaux de montagne des Balkans, des chevaux de ferme plus lourds, et d'autres races de l'ancienne Yougoslavie.

La population actuelle est donc un mélange génétique hétérogène, façonné par la sélection naturelle depuis plus de six décennies. Contrairement à de nombreuses populations de chevaux féraux dans le monde, comme les mustangs américains, l'ensauvagement de Livno est un événement relativement récent. Les premiers petits troupeaux se sont formés dans les années 1960, et leur nombre a augmenté progressivement, notamment après la Guerre de Bosnie dans les années 1990, qui a conduit à un déclin temporaire de la présence humaine et des activités d'élevage traditionnelles dans cette zone.

L'absence de barrières physiques et la disponibilité de vastes pâturages de haute altitude ont facilité l'adaptation et la survie de ces animaux, conduisant à l'établissement de la population telle que nous la connaissons aujourd'hui. L'histoire de cette population est un exemple fascinant de la manière dont les animaux domestiques peuvent revenir à un état sauvage, développant des traits comportementaux et écologiques adaptés à la vie sans l'homme en quelques générations seulement.


IMPACT

L'impact du cheval sauvage de Livno sur son environnement et sur la société est multidimensionnel, englobant des aspects écologiques, économiques et sociaux. Écologiquement, l'effet le plus notable est leur rôle en tant qu'agent de structuration des paysages par le pâturage. Leur présence maintient l'ouverture des vastes prairies d'altitude, empêchant l'envahissement par les espèces ligneuses et contribuant à la diversité des plantes des steppes et des prairies de montagne, ce qui est généralement un impact positif pour la biodiversité locale.

Cependant, leur nombre croissant (estimé à plus de 800 individus en 2020) soulève des préoccupations quant au surpâturage. Une densité trop élevée de chevaux peut entraîner une dégradation excessive de la végétation, l'érosion du sol, particulièrement fragile dans le milieu karstique, et une diminution de la diversité florale par une pression de pâturage trop intense sur les espèces les plus appétantes. La concurrence pour les ressources est également un facteur important, notamment avec les éleveurs locaux qui utilisent les mêmes pâturages pour leur bétail domestique (moutons et bovins). Les chevaux, étant plus robustes et adaptables, peuvent dominer l'accès aux meilleures zones de pâturage et aux points d'eau en été, générant des conflits d'usage avec les communautés pastorales.

Économiquement, l'impact est devenu largement positif grâce au développement de l'écotourisme. Ces chevaux sont devenus la principale attraction touristique de la région de Livno, attirant des visiteurs du monde entier désireux de les observer et de les photographier en liberté. Cela a stimulé les activités locales, comme l'hôtellerie, les services de guides et la restauration, offrant des opportunités de revenus dans une région traditionnellement touchée par l'émigration et un faible développement économique. Néanmoins, leur présence pose également des problèmes de sécurité publique. La recherche de nourriture et d'eau peut amener les troupeaux à se rapprocher dangereusement des routes principales, augmentant le risque d'accidents de la circulation, un enjeu de gestion majeur pour les autorités locales.

En réponse à ces défis, des initiatives de gestion et de conservation ont été mises en place par des organisations locales (notamment l'Association "Borac"), visant à surveiller la population, à fournir occasionnellement du fourrage en hiver (pour limiter les pertes et les déplacements dangereux), et à promouvoir leur statut d'espèce protégée au niveau cantonal. L'impact du cheval sauvage de Livno est donc un équilibre complexe entre la valeur écologique et touristique qu'il apporte et les défis qu'il impose en termes de gestion des ressources et de coexistence avec les activités humaines traditionnelles.


CLASSIFICATION


Fiche d'identité
Nom communCheval sauvage de Livno
English nameLivno wild horse
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
Super-classeTetrapoda
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdrePerissodactyla
FamilleEquidae
GenreEquus

SOURCES

* Liens internes

Wikipédia

* Liens externes

Balkan Colours

* Bibliographie

Porter, V., Alderson, L., Hall, S. J. G., & Sponenberg, D. P. (2016). Mason's World Encyclopedia of Livestock Breeds and Breeding (6$^{\text{e}}$ éd.). CAB International.

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Gogoi, D. et al. (2015). Analysis of genetic diversity among certain horse breeds from Bosnia and Herzegovina.

Ransom, J. I., Cadman, S. K., & Fehlberg, U. J. (2016). Feral horse social organization: A comparative study of three populations. The Journal of Wildlife Management.