Daguet nain péruvien (Mazama chunyi)
Le daguet nain péruvien (Mazama chunyi) est un petit mammifère artiodactyle des hauts Andes, présent dans le sud du Pérou et le nord de la Bolivie. Le nom scientifique de l'espèce est attribué à Hershkovitz en 1959, marquant sa distinction d'un autre petit cervidé andin, le pudu du Nord (Pudu mephistophiles), avec lequel il était historiquement confondu. L'étude de ce daguet, qui est à la fois insaisissable et peu documenté, s'avère cruciale pour sa protection et pour la compréhension de la biodiversité des Andes. Le daguet nain péruvien est également appelé Daguet pygmée ou Chunyi.
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DESCRIPTION
Le daguet nain péruvien se distingue par sa petite taille, le classant parmi les plus petits cervidés du genre Mazama et le différenciant immédiatement des autres daguets sympatriques de plus grande envergure. Cet animal présente une allure trapue, une caractéristique typique des espèces adaptées aux environnements denses et montagneux, avec une hauteur au garrot estimée entre 35 et 40 centimètres et un poids moyen d'environ 11 kilogrammes, bien que les données précises et les mesures de la longueur corps-tête restent rares en raison de la nature très secrète de l'espèce.
Son pelage est notablement dense et épais, offrant une protection contre le froid et l'humidité des Andes. La coloration générale est un mélange harmonieux de brun rougeâtre sur la majorité du corps, contrastant avec des zones plus sombres, notamment le cou, l'avant-main et les pattes, qui affichent une teinte gris foncé ou noirâtre. Cette variation chromatique, avec le dos et les flancs souvent plus roux, contribue à un camouflage efficace dans le sous-bois des forêts montagnardes. La tête, courte et épaisse, arbore un museau court, avec des oreilles rondes caractérisées par un bord blanchâtre distinctif. Une queue relativement courte, de couleur rougeâtre, se termine par une touffe de poils blancs visible sur sa face inférieure.
Seuls les mâles possèdent des bois, qui sont de simples pointes courtes, droites et non ramifiées, ne dépassant souvent pas 3,5 cm de long et n'émergeant que très légèrement de la ligne des poils. La distinction morphologique avec le pudu du Nord est également appuyée par des traits crâniens et dentaires spécifiques au genre Mazama, comme des incisives centrales fortement spatulées et un os cunéiforme distinct, confirmant son statut taxonomique indépendant.
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All rights reserved (Tous droits réservés)HABITAT
Le daguet nain péruvien est historiquement connu dans le sud du Pérou (départements de Junín, Cuzco et Puno) et le nord de la Bolivie (régions de La Paz et Cochabamba). Les recherches récentes ont considérablement précisé cette aire de répartition. Au Pérou, il avait été signalé dans des zones spécifiques comme la Cordillère de Vilcabamba, au sud de Manu et au Machu Picchu. Cependant, une étude péruvienne en cours a permis de découvrir l'espèce dans onze nouvelles localités à travers le sud-est des Andes, y compris en dehors des aires protégées. Simultanément, des études menées en Bolivie l'ont localisé dans plusieurs nouvelles zones protégées, notamment le long des Andes, entre La Paz et Cochabamba.
Bien que de nouvelles études géographiques en cours au Pérou visent à délimiter son aire de répartition actuelle avec plus de précision, elles ne devraient pas augmenter de manière significative la taille globale de son territoire connu. L'étendue d'occupation (AOO) a été calculée sur la base de plus de 60 points d'enregistrement en Bolivie (estimée entre 224 km² et 656 km²) et 49 points au Pérou (estimée entre 104 km² et 368 km²).
Les observations en Bolivie incluent la forêt elfique et les prairies "ceja de selva" (3 600 m), les forêts montagnardes nuageuses (yungas) et les forêts subandines (1 400 m), bien que des observations locales puissent étendre cette altitude entre 4 000 et 1 000 m. Les observations au Pérou incluent les mêmes types de végétation qu'en Bolivie, mais sans observation dans les prairies ni à plus de 3 500 m.
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CC-BY-NC-SA (Certains droits réservés)ÉCOLOGIE
Le daguet nain péruvien est un herbivore relativement spécialisé, combinant une alimentation de folivore (consommation de feuilles) et de frugivore (consommation de fruits), principalement dans la strate inférieure de la végétation forestière. Il se nourrit de jeunes pousses, de feuilles tendres, de fruits tombés ou à portée sur arbustes et de parties végétatives de plantes basses.
Les connaissances sur la reproduction du daguet nain péruvien sont très limitées, mais les chercheurs supposent qu’elle pourrait être proche de celle des autres espèces du genre Mazama.
Le daguet nain péruvien est largement considéré comme un animal solitaire et très discret. Il est rarement observé en groupe, ce qui suggère que les individus maintiennent des territoires séparés ou peu chevauchants. Sa période d’activité semble couvrir le crépuscule et la nuit, bien que des enregistrements à la fois diurnes et nocturnes aient été relevés dans des études par caméra-piège. La densité de l’espèce est très faible : dans une étude dans le parc de Carrasco (Bolivie), sur une courte période de relevés (13 jours), trois stations de caméras espacées d’1 à 2 km ont chacune capturé l’image d’un seul individu, suggérant des distances importantes entre individus ou des densités extrêmement réduites. Le faible taux de contact observé entre individus complique l’étude de la dynamique sociale. Cette réserve comportementale, combinée à son habitat parfois pentu ou difficile d’accès, contribue à sa rareté observationnelle.
Les prédateurs naturels potentiels du daguet nain péruvien n’ont pas été rigoureusement identifiés dans les études disponibles, mais on peut raisonner par analogie et par la faune andine sympatrique. Dans les habitats andins, les pumas (Puma concolor) constituent un prédateur plausible pour les cervidés de taille modeste. De même, les espèces de petits carnivores comme les ocelots ou les margays peuvent représenter une menace pour les faons ou les individus affaiblis, dans les zones forestières. La présence de rapaces ne doit pas être exclue pour les jeunes.
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CC-BY-NC (Certains droits réservés)MENACES
La destruction de l'habitat est principalement causée par les activités humaines locales, notamment l'élevage bovin à petite échelle et l'agriculture itinérante. Ces pratiques nécessitent la coupe des forêts ainsi que le brûlage des prairies et des broussailles de montagne. Dans certaines régions de Bolivie (La Paz, Cochabamba) et du Pérou (Puno, Cuzco), les plantations de coca pourraient être le principal moteur de cette déforestation. D'autres facteurs humains aggravent cette perte d'habitat, notamment les projets d'exploitation minière, la construction de routes et la colonisation de nouvelles terres. Bien que la chasse fournisse de la viande et des produits médicinaux aux populations locales, son impact réel sur les populations animales nécessite une évaluation plus approfondie.
Malgré ces menaces, une analyse de l'aire de répartition en Bolivie montre que la majorité de l'habitat reste en relatif bon état. Près de 58,6 % de la zone d'occurrence estimée est jugée en bon ou très bon état de conservation. Cependant, une proportion significative de 41,4 % souffre de dégradation, dont près de 16 % est considérée comme critique ou très critique. Les évaluations préliminaires menées au Pérou suggèrent une situation de dégradation similaire.
CONSERVATION
Le daguet nain péruvien est considéré comme une espèce menacée. Il est actuellement inscrit dans la catégorie "Vulnérable" (VU) sur la Liste rouge de l'IUCN depuis 2007.
Ce taxon devrait être reconnu aux niveaux local et régional comme une espèce potentiellement menacée. Pour assurer sa survie, plusieurs actions sont nécessaires. Il est essentiel de mener davantage d'enquêtes de terrain et d'études écologiques pour mieux comprendre l'espèce. Parallèlement, il est crucial d'organiser des campagnes d'éducation et de gestion auprès des communautés, en ciblant particulièrement les menaces principales que sont la destruction de l'habitat et la chasse. Un suivi rigoureux de l'exploitation par les communautés locales permettrait de collecter des spécimens pour la recherche et de mieux évaluer son importance pour leur subsistance.
L'aire de répartition de cette espèce coïncide avec le corridor de conservation Vilcabamba-Amboró, ce qui lui confère un rôle potentiel en tant que symbole de conservation pour cette initiative. L'espèce bénéficie déjà d'une présence avérée dans plusieurs zones protégées majeures.
- Au Pérou : Elle est présente dans des habitats favorables au sein de plusieurs parcs nationaux, notamment ceux d'Otishi et de Manu, ainsi que dans le sanctuaire historique de Machu Picchu.
- En Bolivie : Des observations ont été faites dans six zones protégées, dont Madidi, Apolobamba, Pilón Lajas, Cotapata, Isiboro Secure et Carrasco. Il est également probable que l'espèce soit présente dans le parc national Amboro.
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CC-BY-NC (Certains droits réservés)TAXONOMIE
L'histoire taxonomique du daguet nain péruvien est un cas emblématique des défis rencontrés dans la classification des cervidés néotropicaux, particulièrement au sein du genre Mazama, un groupe notoirement complexe et polyphylétique. L'espèce a été formellement décrite par Philip Hershkovitz en 1959, le spécimen type étant collecté à Cocapunco, dans la Cordillère Real, en Bolivie, à une altitude d'environ 3 200 mètres. Avant cette date fondatrice, le Mazama chunyi était systématiquement confondu avec un autre petit cervidé des Andes, le pudu du Nord (Pudu mephistophiles), qui occupe un habitat similaire et présente une taille comparable. Cette confusion persistait depuis des décennies, le daguet nain péruvien étant souvent répertorié sous le nom de Pudu mephistophiles ou considéré comme une simple variation de celui-ci.
La clarification de Hershkovitz en 1959, puis ses travaux ultérieurs en 1982, ont établi le statut d'espèce distincte du Mazama chunyi en se basant sur des caractéristiques morphologiques et ostéologiques claires. Des études ultérieures ont confirmé ces distinctions, soulignant que des traits crâniens, dentaires (comme les incisives centrales spatulées) et la présence d'un os cunéiforme discret, étaient diagnostiques du genre Mazama et non du genre Pudu. Cette réévaluation a déplacé l'espèce du statut d'espèce obscur et erronément identifiée à celui d'une entité biologique reconnue.
Plus récemment, les analyses génétiques et moléculaires ont révolutionné la taxonomie du genre Mazama, révélant une grande divergence moléculaire et une polyphylie, suggérant que le genre est un assemblage de lignées évolutives distinctes qui nécessitent une réorganisation taxonomique. Certains auteurs modernes ont même proposé de réintégrer le daguet nain péruvien dans un genre distinct, comme Subulo, ou de le placer dans un clade particulier avec d'autres espèces naines.
Cependant, selon les bases de données de référence, l'espèce reste officiellement désignée comme Mazama chunyi. Concernant le statut infraspécifique, il est important de noter que le daguet nain péruvien est actuellement considéré comme une espèce monotypique, ce qui signifie qu'aucune sous-espèce reconnue n'est officiellement acceptée dans la classification actuelle, malgré sa large distribution le long des Andes.
CLASSIFICATION
| Nom commun | Daguet nain péruvien |
| Autres noms | Chunyi Daguet pygmée |
| English name | Peruvian Dwarf Brocket Chunyi Dwarf Brocket |
| Español nombre | Chuñi Cabrito Chuñitaruka Cuñi Venadillo |
| Règne | Animalia |
| Embranchement | Chordata |
| Sous-embranchement | Vertebrata |
| Super-classe | Tetrapoda |
| Classe | Mammalia |
| Sous-classe | Theria |
| Infra-classe | Eutheria |
| Ordre | Artiodactyla |
| Sous-ordre | Ruminantia |
| Famille | Cervidae |
| Sous-famille | Capreolinae |
| Genre | Mazama |
| Nom binominal | Mazama chunyi |
| Décrit par | Hershkovitz |
| Date | 1959 |
Satut IUCN |  |
SOURCES
* Liens internes
Liste Rouge IUCN des espèces menacées
Mammal Species of the World (MSW)
Système d'information taxonomique intégré (ITIS)
* Liens externes
Global Biodiversity Information Facility (GBIF)
* Bibliographie
Hershkovitz, P. (1959). « A new dwarf brocket deer from the Cordillera Real, Bolivia ». Proceedings of the Biological Society of Washington, 72, pp. 45–54.
Hershkovitz, P. (1982). « Neotropical deer (Cervidae): part I. Pudu and Mazama ». Fieldiana Zoology (New Series), 11.
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