Le cerf élaphe de Corse (Cervus elaphus corsicanus) est une sous-espèce de cerf élaphe qui a su survivre dans les habitats insulaires de Corse et de Sardaigne. Bien qu'il ait connu un déclin dramatique au cours du XXe siècle, menant presque à son extinction, des efforts de conservation ont permis sa réintroduction et la restauration de ses populations. Ce retour est un symbole fort de la résilience de la biodiversité locale face aux pressions humaines. Il se distingue de ses congénères continentaux par des traits morphologiques et un comportement adaptés à son environnement insulaire.
Le cerf élaphe de Corse est généralement plus petit que les autres sous-espèces continentales. Cette particularité, appelée nanisme insulaire, s'observe souvent chez les mammifères isolés sur des îles. Les mâles pèsent en moyenne entre 100 et 110 kg, et les femelles entre 60 et 70 kg. Leur pelage est brun-roux en été et devient plus gris-brun en hiver. La tache claire sur la croupe, ou miroir, est moins visible que chez d'autres sous-espèces. Les bois des mâles sont également plus courts et moins ramifiés, bien que leur structure de base reste similaire à celle du cerf élaphe commun.
Le cerf élaphe de Corse est une sous-espèce endémique des îles de Corse et de Sardaigne en Méditerranée occidentale. Autrefois largement répandu sur les deux îles, sa population a subi un déclin drastique qui a conduit à son extinction en Corse dans les années 1970. Grâce à des programmes de réintroduction, la sous-espèce a été réintroduite en Corse à partir d'individus provenant de Sardaigne, où une population résiduelle avait survécu. Aujourd'hui, sa répartition en Corse est limitée aux zones de réintroduction et aux territoires adjacents où les populations ont pu se développer. En Sardaigne, des populations significatives se trouvent principalement dans des zones protégées comme la forêt de Monte Arcosu et les montagnes du Sulcis.
Le cerf de Corse s'est adapté à une grande variété d'habitats insulaires. Il préfère les zones forestières denses, qu'il s'agisse de forêts de feuillus ou de conifères, qui lui offrent un couvert suffisant pour se cacher et se reposer. Le maquis méditerranéen, avec sa végétation arbustive épaisse, constitue également un refuge important. Il peut être trouvé depuis le niveau de la mer jusqu'à des altitudes de 1 500 mètres, s'adaptant ainsi à la topographie montagneuse des deux îles. Les cerfs utilisent des mosaïques de paysages, alternant entre zones boisées et clairières, prairies, voire zones humides, pour s'alimenter. Cette capacité à exploiter différents types d'environnements est cruciale pour sa survie et son succès dans la reconquête de son territoire.
L'écologie du cerf de Corse est étroitement liée à son environnement méditerranéen. Il vit principalement dans les forêts denses de feuillus et de conifères, ainsi que dans le maquis. Son régime alimentaire est très varié, incluant herbes, feuilles, glands, fruits et écorces d'arbres. Cette polyphagie lui permet de s'adapter aux ressources disponibles tout au long de l'année. La période de rut, généralement en septembre et octobre, est marquée par les raires des mâles et les affrontements pour le contrôle des harems de femelles. Son comportement est souvent plus discret et fuyant en raison des persécutions passées.
Portrait du cerf élaphe de Corse Source: Corse matin Di-no license (Licence inconnue)
CONSERVATION
La situation de conservation du cerf de Corse a été critique. Au début du XXe siècle, la sous-espèce a disparu de Corse en raison d'une chasse excessive et de la dégradation de son habitat. Il ne subsistait que quelques populations isolées en Sardaigne. L'IUCN, dans sa classification de 2024, le considère comme "Quasi menacé" (NT) grâce aux programmes de réintroduction réussis. Le programme de réintroduction, démarré dans les années 1980, a utilisé des individus provenant de Sardaigne pour restaurer la population corse. Des efforts continus sont faits pour surveiller les populations, protéger leur habitat et réduire les conflits avec les activités humaines, notamment l'agriculture.
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