Le cobaye acrobate (Kerodon acrobata) est un rongeur sud-américain appartenant à la famille des Caviidae. Ce petit mammifère est endémique du Brésil et se distingue par son adaptation à la vie dans des milieux rocheux, où il évolue avec une grande agilité. Relativement peu connu, son mode de vie discret et sa répartition restreinte expliquent la rareté des observations détaillées le concernant. Le cobaye acrobate est une des deux espèces formant le genre Kerodon, la seconde étant le cobaye des rochers (Kerodon rupestris).
Le cobaye acrobate présente une morphologie adaptée à son environnement particulier. Il mesure généralement entre 20 et 30 centimètres de longueur, pour un poids qui oscille autour de 700 à 1 200 grammes. Sa silhouette est trapue mais souple, ce qui lui confère une grande aisance dans les déplacements rapides sur les rochers.
Son pelage est dense, court et de couleur brun grisâtre, offrant un camouflage efficace dans les paysages pierreux où il évolue. Les membres postérieurs sont légèrement plus robustes que les antérieurs, permettant des bonds et une escalade habile des parois rocheuses. Ses griffes, solides et recourbées, facilitent l’adhérence aux surfaces accidentées. La tête, relativement large, porte de petits yeux noirs et vifs, ainsi que des oreilles arrondies et discrètes. La queue est très courte, presque vestigiale, ce qui limite le risque d’accrochage dans les fissures rocheuses.
La dentition est typique des Caviidae, avec des incisives puissantes à croissance continue, adaptées au broyage de végétaux coriaces. Cette combinaison de caractéristiques morphologiques illustre une spécialisation vers un mode de vie rupicole, qui contraste avec les habitudes plus terrestres ou ouvertes d’autres cobayes. Globalement, la morphologie du cobaye acrobate révèle un équilibre subtil entre robustesse et agilité.
Le cobaye acrobate est présent au Brésil dans une petite région proche de la localité type dans l'État de Goiás s'étendant jusqu'à l'État de Tocantins, à l'ouest de l'Espigão Mestre, Serra Geral de Goiás. L'espèce est associée à la forêt tropicale sèche saisonnière des régions du Cerrado au Brésil, où elle est présente sur les affleurements rocheux calcaires, émergeant pour grimper aux arbres et se nourrir. Certains spécimens ont été collectés dans des habitats rocheux, où elle niche dans des crevasses rocheuses.
Le régime alimentaire du cobaye acrobate est strictement herbivore. Il se compose principalement de feuilles, de tiges, de fleurs, et de fruits de diverses plantes du Cerrado et de la Caatinga. Contrairement à de nombreux autres rongeurs, il ne stocke pas de nourriture. Son système digestif est très efficace pour extraire l'eau et les nutriments des plantes fibreuses, ce qui est une adaptation cruciale pour survivre dans des environnements où l'eau est souvent une ressource limitée. Il peut également se nourrir de cactées, ce qui lui permet d'obtenir un apport supplémentaire en eau et de survivre pendant les périodes de sécheresse prolongée.
La reproduction du cobaye acrobate est un processus bien adapté à son environnement. La période de gestation dure environ 75 jours, et la femelle donne généralement naissance à une portée de 1 à 3 jeunes. Ces derniers naissent très bien développés, avec un pelage complet, les yeux ouverts, et la capacité de se déplacer peu après la naissance. C'est une stratégie de reproduction qui maximise les chances de survie dans un environnement riche en menaces. Les jeunes sont sevrés après environ 30 jours, mais restent avec la mère pendant un certain temps pour apprendre à se nourrir et à éviter les dangers. La maturité sexuelle est atteinte vers l'âge de 50 à 60 jours pour les femelles et de 70 à 80 jours pour les mâles. La durée de vie en milieu sauvage est estimée à environ 3 à 5 ans.
Le cobaye acrobate est un animal diurne qui vit en petits groupes sociaux, généralement composés d'un mâle dominant, de plusieurs femelles et de leur progéniture. Ces groupes partagent des refuges et des aires de nourrissage. Leur comportement est fortement influencé par leur environnement rocheux. Ils sont très agiles et rapides, utilisant des fissures et des crevasses comme refuges contre les prédateurs et les températures extrêmes. Ils sont également connus pour leur capacité à escalader des parois presque verticales. La communication entre individus se fait principalement par des vocalisations, notamment des sifflements et des cris aigus. Ce sont des animaux très prudents, et ils passent une grande partie de leur temps à surveiller les alentours. Leur vigilance est un facteur clé pour leur survie. Bien que généralement non territoriaux en ce qui concerne l'alimentation, ils peuvent devenir agressifs lorsqu'il s'agit de défendre leurs abris.
Les éventuelles menaces pesant sur le cobaye acrobate sont actuellement inconnues. Comme pour la plupart des animaux de sa taille, il est susceptible d'être affecté par une pression de chasse de la part de l'homme, mais cela nécessite confirmation. A ce jour, il n'y a aucune information fiable sur l'état des populations et de l'abondance de l'espèce.
Le cobaye acrobate, n'ayant été découvert qu'en 1997, est pour le moment inscrit dans la catégorie Données insuffisantes (DD) sur la Liste rouge de l'IUCN. En effet, il se pourrait que l'espèce se produise plus largement qu'on ne le pense actuellement. On sait également que ce caviidés vit dans le parc national Terra Ronca. De plus amples recherches sont nécessaires pour évaluer l'état des populations, son aire de répartition, son écologie ainsi que les menaces qui pourraient nuire à sa survie.
TAXONOMIE
Le cobaye acrobate (Kerodon acrobata) est une espèce monotypique, ce qui signifie qu'il n'existe aucune sous-espèce officiellement reconnue. Il appartient au genre Kerodon, qui ne compte qu'une seule autre espèce, le cobaye des rochers (Kerodon rupestris). Ces deux espèces partagent un ancêtre commun mais ont divergé pour occuper des niches écologiques légèrement différentes.
C'est en 1997 que la publication officielle a été faite par une équipe de chercheurs brésiliens : João Moojen, Marcos Locks et Alfredo Langguth. Leur article, paru dans une revue scientifique, a formellement désigné Kerodon acrobata comme une nouvelle espèce distincte du cobaye des rochers. Avant cette date, les spécimens de ce rongeur étaient souvent confondus avec son cousin plus connu. La distinction a été rendue possible grâce à des analyses morphologiques et génétiques poussées, révélant des différences subtiles mais significatives dans la structure du crâne, la taille du corps et d'autres caractéristiques physiques. L'étude de Moojen et al. a permis de clarifier la relation entre les deux espèces au sein du genre Kerodon et a souligné l'importance de la biodiversité du Cerrado brésilien.
Moojen, J., Locks, M. & Langguth, A.R. (1997). "A new species of Kerodon Cuvier, 1825 from the state of Goiás, Brazil (Mammalia, Rodentia, Caviidae)". Boletim do Museu Nacional (Zoologia), 377:1-10.
De Souza Portella, A. & Vieira, E.M. (2016). "Diet and trophic niche breadth of the rare acrobatic cavy Kerodon acrobata (Rodentia: Caviidae) in a seasonal environment". Mammal Research, 61(3): 279–287.
Wilson, D. E., Lacher, T. E., Jr., & Mittermeier, R. A. (2016). Caviidae (including Kerodon acrobata). In Handbook of the Mammals of the World – Volume 6: Lagomorphs and Rodents I (pp. 406–438). Lynx Edicions.
Bezerra, A. M. R., Bonvicino, C. R., Menezes, A. A. N., & Marinho-Filno, J. (2010). Endemic climbing cavy Kerodon acrobata (Rodentia: Caviidae: Hydrochoerinae) from dry forest patches in the Cerrado domain: new data on distribution, natural history, and morphology. Zootaxa, 2724, 29–36.