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Cobaye des Andes (Microcavia niata)


Le cobaye des Andes (Microcavia niata) est un petit rongeur sud-américain appartenant à la famille des Caviidae. Cette espèce est particulièrement adaptée aux conditions climatiques rudes de son habitat, caractérisées par des températures extrêmes, une faible teneur en oxygène et une végétation clairsemée. La découverte et l'étude de ce mammifère offrent un aperçu précieux sur la diversité et la résilience de la faune andine.


Cobaye des Andes (Microcavia niata)
Cobaye des Andes (Microcavia niata)
© Jorge Valenzuelae - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)



DESCRIPTION

Le cobaye des Andes présente une morphologie typique des petits rongeurs de haute altitude, avec un corps trapu et compact qui limite la perte de chaleur. Sa longueur totale varie généralement entre 20 et 25 centimètres, et son poids oscille autour de 250 à 400 grammes, ce qui en fait une espèce relativement petite au sein des Caviidae. Le pelage est dense, laineux et épais, formant une barrière thermique efficace contre les températures basses de l’altiplano. Sa couleur varie du brun grisâtre au brun jaunâtre, avec une teinte plus claire sur la partie ventrale, ce qui lui permet de se fondre dans les paysages herbeux et rocheux de son habitat.

La tête est arrondie, avec de grands yeux noirs et brillants adaptés à une vision périphérique large, essentielle pour repérer les prédateurs. Les oreilles sont courtes, arrondies et couvertes de poils, limitant les pertes de chaleur. Les membres sont relativement courts mais robustes : les pattes antérieures possèdent quatre doigts tandis que les postérieures n’en comptent que trois, caractéristique typique des Caviidae. Ses incisives, en croissance continue, sont adaptées à l’usure causée par une alimentation à base de végétaux coriaces. Enfin, sa queue est presque absente, comme chez les autres cobayes, renforçant son aspect compact. Ces traits morphologiques traduisent une spécialisation étroite à un environnement andin rude et peu hospitalier.


Microcavia niata
Microcavia niata
© Colchanoide - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

HABITAT

Le cobaye des Andes est présent sur l'Altiplano du sud-ouest de la Bolivie et du nord-est du Chili. Il n'a pas été observé dans le sud de la Bolivie ni à la frontière nord de l'Argentine, mais on s'attend à ce qu'il y soit présent. Sa gamme altitudinale varie de 3 500 à 4 000 m. Deux sous-espèces sont reconnues : Microcavia niata niata se rencontre le long de la région frontalière du sud-ouest de La Paz, en Bolivie, et du nord-ouest d'Oruro, au Chili. Microcavia niata pallidior se rencontre dans les départements d'Oruro et de Potosi, en Bolivie.

Le cobaye des Andes est généralement présent dans les prairies plates de la Puna, une région de haute altitude. Bien qu'on le trouve dans ces zones en Bolivie, il a été exclusivement observé dans des habitats marécageux au Chili. Cette espèce vit en colonies dans des terriers, qu'elle peut soit creuser elle-même, soit occuper ceux abandonnés par des rongeurs du genre Ctenomys. On a également noté sa présence dans des zones légèrement perturbées par le pâturage traditionnel à faible densité, et il est souvent présent dans les habitats salins de la Puna bolivienne.


Microcavia niata distribution
     Répartition actuelle du Cobaye des Andes
© Manimalworld
CC-BY-NC-SA (Certains droits réservés)

ALIMENTATION

L'alimentation du cobaye des Andes est entièrement herbivore et parfaitement adaptée aux conditions des hautes altitudes. Ce rongeur consomme principalement des graminées sèches, de petites herbes et des mousses, des plantes résistantes qui poussent dans la Puna. Ses dents hypsodontes, qui poussent continuellement, sont essentielles pour mastiquer sans relâche les fibres végétales dures. Pour optimiser l'assimilation des nutriments, l'espèce pratique la caeotrophie, un comportement qui consiste à ingérer ses propres fèces molles, riches en vitamines et en acides aminés produits par la fermentation intestinale. Cette stratégie est cruciale dans un environnement où la nourriture est de faible qualité nutritive. En saison sèche, il peut également manger des racines et des tiges pour se réhydrater, ce qui est vital dans une région où l'eau est rare.


Cobaye des Andes Bolivie
Cobaye des Andes photographié en Bolivie
© Humber Alberto - iNaturalist
CC-BY (Certains droits réservés)

REPRODUCTION

La reproduction du cobaye des Andes est spécifiquement adaptée aux conditions climatiques des hautes altitudes. La saison de reproduction est liée à la disponibilité de la nourriture, et a lieu principalement pendant les mois humides. La gestation dure environ 60 jours. Les portées sont généralement petites, comprenant deux à trois petits, mais les nouveau-nés sont remarquablement précoces. Ils naissent avec les yeux ouverts, un pelage complet et sont capables de se déplacer et de se nourrir de manière autonome peu de temps après leur naissance. Cette maturité rapide est une adaptation de survie face aux prédateurs et aux conditions climatiques extrêmes. Bien que le mâle ne participe pas aux soins directs des jeunes, il défend le groupe familial contre les intrus. La maturité sexuelle est atteinte avant l'âge de six mois, ce qui permet à l'espèce de maintenir sa population dans un milieu où les défis environnementaux sont nombreux.


Andean mountain cavy (Microcavia niata)
En anglais, le cobaye des Andes est appelé Andean mountain cavy
© Raúl Demangel - Turismo de Observación
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COMPORTEMENT

Le cobaye des Andes est un animal social qui vit en petits groupes ou en colonies lâches. Cette structure sociale augmente la vigilance collective, offrant une meilleure protection contre les prédateurs. Les cobayes sont principalement actifs tôt le matin et en fin de journée pour chercher de la nourriture. Pendant les périodes de froid intense ou de mauvais temps, ils se réfugient dans des crevasses rocheuses ou des terriers, qu'ils peuvent creuser eux-mêmes ou emprunter à d'autres espèces. Leur communication repose sur un ensemble de vocalisations et de signaux corporels. Des cris d'alarme aigus sont émis en cas de danger, incitant le groupe à se mettre à l'abri rapidement. Le toilettage mutuel est également une partie importante de leur comportement, renforçant les liens sociaux. Leur comportement alimentaire, caractérisé par un pâturage constant de petites touffes d'herbe, peut avoir un effet structurant sur la végétation locale. Ces comportements démontrent une adaptation remarquable à leur environnement andin exigeant.


PRÉDATION

Le cobaye des Andes, en raison de sa petite taille et de son abondance relative, constitue une proie recherchée par plusieurs prédateurs andins. Parmi les oiseaux, le caracara montagnard (Phalcoboenus megalopterus) représente une menace importante. Ce rapace profite des zones découvertes des plaines pour repérer les colonies de cobayes et fondre rapidement sur eux. Au sol, le renard de Magellan (Lycalopex culpaeus) est un prédateur majeur : agile et opportuniste, il chasse fréquemment ces rongeurs.

Les mustélidés et petits félins andins, tels que le chat des Andes (Leopardus jacobita) et le chat des pampas (Leopardus colocola), constituent aussi des prédateurs occasionnels. Dans certains cas, les serpents peuvent s’attaquer aux jeunes, bien que leur rôle reste plus marginal à ces altitudes. Face à ces menaces variées, le cobaye des Andes a développé une stratégie basée sur la vigilance, la vie en groupe et la recherche rapide de cachettes naturelles.

Les vocalisations d’alarme jouent un rôle essentiel dans la défense collective : un cri d’alerte pousse tous les membres du groupe à se disperser vers les abris les plus proches. Leur pelage cryptique constitue également une défense passive, permettant aux individus immobiles de se confondre avec le sol et la végétation. La forte pression exercée par ces prédateurs contribue à façonner leur comportement prudent et leur organisation sociale.


MENACES ET CONSERVATION

Actuellement, aucune menace majeure ne semble peser sur le cobaye des Andes. Il est présent dans plusieurs aires protégées, comme le parc national Sahama en Bolivie. Aucune mesure de conservation immédiate n'est nécessaire pour cette espèce.

En raison de sa large distribution et de sa grande population présumée, le cobaye des Andes n'est pas considéré comme menacé. Il est inscrit dans la catégorie Préoccupation mineure (LC) sur la Liste rouge de l'IUCN.


TAXONOMIE

L'histoire taxonomique du cobaye des Andes est riche et complexe, reflétant les évolutions de la classification scientifique au fil du temps. La première description de l'espèce a été réalisée en 1898 par le zoologiste britannique Oldfield Thomas, une figure éminente du Natural History Museum de Londres. Thomas a nommé l'espèce Cavia niata à l'origine, la plaçant dans le genre Cavia. Son travail a été publié dans les Annals and Magazine of Natural History, une revue de référence de l'époque, en se basant sur des spécimens collectés dans la région de Potosí en Bolivie. Par la suite, les révisions taxonomiques ont conduit à un réexamen de la position de l'espèce. Le genre Microcavia a été établi pour regrouper les cobayes sauvages de petite taille, distincts des espèces du genre Cavia en raison de différences morphologiques et génétiques.

Le zoologiste américain George Gaylord Simpson a joué un rôle clé dans cette réorganisation dans ses travaux du milieu du XXe siècle, soulignant la nécessité de séparer les espèces en fonction de leurs caractéristiques squelettiques et crâniennes distinctes. La mise à jour des méthodes d'analyse, notamment l'utilisation de l'ADN dans la classification phylogénétique, a renforcé cette distinction. Les études génétiques ont confirmé que le genre Microcavia est un groupe monophylétique, c'est-à-dire qu'il descend d'un ancêtre commun unique, ce qui valide son statut de genre distinct. Cette histoire illustre comment la science de la classification évolue en fonction des nouvelles découvertes et des technologies, passant d'une approche basée sur la morphologie à une approche plus holistique incluant la génétique. La compréhension actuelle de la taxonomie de Microcavia niata est le résultat de décennies de recherche et de réévaluations, soulignant l'importance d'un examen continu des relations évolutives entre les espèces pour une classification précise.

À ce jour, la classification des sous-espèces du cobaye des Andes reste un sujet de débat parmi les taxonomistes. Certaines autorités reconnaissent deux sous-espèces principales :

- Microcavia niata niata

- Microcavia niata pallidior

La validité de ces sous-espèces a été examinée par des études morphométriques et génétiques. Les travaux de Philip Hershkovitz sur les rongeurs sud-américains dans les années 1950 ont contribué à la reconnaissance de ces sous-espèces, en se basant sur les collections de spécimens des muséums d'histoire naturelle. Cependant, il est important de noter que certains chercheurs soutiennent une approche plus conservatrice, considérant la variation comme une simple clinalité (variation graduelle au sein de l'espèce) plutôt que comme des sous-espèces distinctes. Les données génétiques récentes, notamment les analyses de l'ADN mitochondrial, ont commencé à éclairer ces relations, suggérant une divergence au sein de la population mais ne confirmant pas toujours un statut de sous-espèce formel.


CLASSIFICATION


Fiche d'identité
Nom communCobaye des Andes
English nameAndean mountain cavy
Español nombreCuy de montaña andino
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdreRodentia
Sous-ordreHystricomorpha
FamilleCaviidae
Sous-familleCaviinae
GenreMicrocavia
Nom binominalMicrocavia niata
Décrit parMichael Rogers Oldfield Thomas
Date1898



Satut IUCN

Préoccupation mineure (LC)

SOURCES

* Liens internes

iNaturalist

Liste Rouge IUCN des espèces menacées

Mammal Species of the World (MSW)

Système d'information taxonomique intégré (ITIS)

* Liens externes

Global Biodiversity Information Facility (GBIF)

Turismo de Observación

* Bibliographie

Thomas, O. (1898). On the small Mammals from Northern Bolivia. The Annals and Magazine of Natural History, Series 7, 1(4), 277-280.

Marquet, P. A., Contreras, L. C., Silva, S., Torres-Murúa, J. C., & Bozinovic, F. (1993). Natural History of Microcavia niata in the High Andean Zone of Northern Chile, Journal of Mammalogy 74(1):136–140.

Anderson, S. (1997). Mammals of Bolivia: Taxonomy and Distribution, Bulletin of the American Museum of Natural History 231:1–651.

Zeballos, H., Pari, A., Pino, K., Medina, C. E., Córdoba, J., & Quispe, R. (2018). First record of the Andean-Mountain Cavy Microcavia niata (Caviidae, Rodentia) from Peru, Gayana (Concepción) 82(1):85–89.

Tirira, D. G. (2017). Guía de Campo de los Mamíferos de Ecuador.

Siber, M. K., & Spotorno, A. E. (2017). Phylogeography of the Andean Mountain Cavy (Microcavia niata): Implications for Conservation in a Changing Environment. Journal of Heredity, 108(5), 543-554.

Taraborelli, P. A., Arzamendia, V., & Guthmann, J. P. (2012). Microcavia niata. Dans The IUCN Red List of Threatened Species 2012.