Le genre Aepyceros, appartenant à la famille des Bovidae et à la sous-famille des Antilopinae, regroupe des antilopes africaines emblématiques, principalement connues pour leur élégance et leur agilité. Le nom Aepyceros provient du grec ancien aipus (« haut, élevé ») et keras (« corne »), en référence à la forme gracile de ces animaux et à leurs cornes spiralées. Ce genre se caractérise par une morphologie adaptée à la savane ouverte, à une locomotion rapide et à une grande vigilance face aux prédateurs. L'espèce la plus célèbre, l'impala (Aepyceros melampus), est bien connue dans toute l’Afrique subsaharienne, où elle joue un rôle écologique crucial dans les écosystèmes de savanes et de forêts claires.
Le genre Aepyceros comprend traditionnellement une seule espèce reconnue : Aepyceros melampus, couramment appelée impala. Toutefois, des recherches taxonomiques et génétiques ont conduit à la reconnaissance de plusieurs sous-espèces, certaines étant même proposées comme espèces distinctes par certains auteurs. Les principales sont :
- Aepyceros melampus melampus : L’impala commun, largement répandu en Afrique australe, notamment en Namibie, au Botswana, au Zimbabwe et en Afrique du Sud. C’est la forme la plus connue, présente dans de nombreux parcs nationaux.
- Aepyceros melampus petersi : L’impala à face noire (ou impala noir), restreint au sud-ouest de l’Angola et au nord-ouest de la Namibie. Cette forme présente une coloration plus sombre et des bandes faciales noires plus marquées.
Il existe également d’autres populations différenciées localement, mais leur statut taxonomique reste controversé. Certains auteurs, notamment à partir d'études morphologiques ou génétiques, ont proposé d’élever Aepyceros melampus petersi au rang d’espèce distincte (Aepyceros petersi), mais cette proposition n’a pas été universellement acceptée, faute de données génétiques suffisantes ou de critères de reproduction isolés.
Il faut également noter la découverte fossile d’une autre espèce éteinte attribuée au genre :
* Aepyceros datoadeni † : Identifiée à partir de restes fossiles en Afrique de l’Est, cette espèce fossile du Plio-Pléistocène illustre une diversité passée plus grande du genre.
TAXONOMIE
Le genre Aepyceros fut décrit pour la première fois en 1847 par le zoologiste suédois Carl Jakob Sundevall. À l’époque, la taxonomie des antilopes africaines était encore balbutiante, et de nombreuses formes étaient mal comprises ou regroupées de manière approximative. Au cours du XIXe siècle, les travaux des naturalistes tels que Peters, Gray ou Lydekker ont permis de préciser les contours du genre, bien que des confusions aient persisté entre certaines formes d’impalas et d’autres antilopes fines, notamment les gazelles. Il fallut attendre les analyses morphologiques plus poussées et, plus récemment, les études moléculaires pour établir avec certitude que Aepyceros constitue un genre monotypique bien distinct.
Le genre est aujourd’hui placé dans la tribu des Aepycerotini, qui ne comprend que cette lignée. Les études phylogénétiques basées sur l’ADN mitochondrial indiquent que Aepyceros a divergé très tôt des autres lignées d’antilopes africaines, probablement à la fin du Miocène, il y a environ 6 à 8 millions d’années. Cette divergence ancienne explique les nombreuses caractéristiques uniques des impalas, notamment leur stratégie de reproduction, leur morphologie allongée et leur adaptation à la course rapide.
Le fossile Aepyceros datoadeni, décrit par Geraads en 2013, appuie l’idée que le genre possédait autrefois une diversité plus importante, peut-être éteinte en raison de changements climatiques au Pléistocène. Cela confère à Aepyceros une importance paléontologique notable.
Geraads, D. (2013). New remains of Aepyceros from the Pliocene of Ethiopia and Kenya. Journal of African Earth Sciences, 78, 1–9.
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