Hydrontin (Equus hydruntinus)

L'hydrontin (Equus hydruntinus), également connu sous le nom d'âne sauvage européen, est un équidé éteint qui a marqué les paysages de l'Eurasie occidentale durant le Pléistocène moyen et supérieur jusqu'à l'Holocène. Ce petit cheval, morphologiquement proche des hémiones actuels, occupait une vaste aire de répartition s'étendant de l'Europe occidentale jusqu'au Moyen-Orient. Particulièrement abondant dans le bassin méditerranéen, il constituait une ressource alimentaire essentielle pour les chasseurs-cueilleurs du Paléolithique et du Néolithique. Bien que l'espèce ait survécu aux grandes extinctions de la fin de l'ère glaciaire, elle a vu ses populations se fragmenter progressivement avant de disparaître totalement, probablement durant l'Âge du Bronze ou du Fer selon les régions. Ses restes fossiles, fréquents dans les sites archéologiques, offrent un aperçu précieux de la biodiversité passée de l'Europe.

DESCRIPTION

L'hydrontin se caractérisait par une stature modeste et une allure particulièrement gracile, rappelant davantage l'hémione que le cheval domestique moderne. Au garrot, ce taxon mesurait généralement entre un mètre et un mètre trente, affichant des membres fins adaptés à la course rapide sur des terrains secs. L'élément le plus distinctif de son anatomie résidait dans sa structure dentaire, souvent qualifiée de microdonte. Ses molaires et prémolaires présentaient une surface occlusale complexe avec des motifs d'émail spécifiques, mêlant des traits primitifs de type sténonien à des caractéristiques plus dérivées. Ces particularités crâniennes et dentaires permettent aux paléontologues de le distinguer des autres équidés contemporains, bien que certaines ressemblances avec les zèbres aient parfois compliqué son identification.

ÉCOLOGIE

L’espèce privilégiait les environnements ouverts, secs et tempérés, typiques des steppes semi-arides ou des prairies rocailleuses, évitant généralement les zones forestières denses ou les sols trop humides. Son régime alimentaire était strictement herbivore, composé principalement de graminées abrasives et de végétation xérophile, ce qui nécessitait une dentition robuste et résistante à l'usure. L'hydrontin jouait un rôle écologique crucial en tant que brouteur, façonnant la végétation de son habitat et servant de proie aux grands carnivores de l'époque, tels que les lion des cavernesPanthera leo spelaea ou les loups. En outre, sa capacité à tolérer des climats variés, bien que préférant la douceur méditerranéenne, lui a permis de cohabiter avec d'autres grands herbivores comme le bison ou l'auroch, occupant une niche écologique distincte de celle des grands chevaux de plaine.

ÉVOLUTION

Sur le plan phylogénétique, l'hydrontin est issu d'une lignée d'équidés sténoniens qui a divergé assez tôt des ancêtres du cheval moderne (Equus ferus). Les analyses morphologiques et, plus récemment, paléogénétiques, suggèrent qu'il est étroitement apparenté à l'hémione d'Asie (Equus hemionus), bien qu'il constitue une branche distincte adaptée aux conditions européennes. L'évolution de ce groupe témoigne d'une spécialisation progressive vers la vie en milieu semi-désertique et rocheux. Contrairement aux mammouths ou aux rhinocéros laineux qui se sont éteints rapidement après le Dernier Maximum Glaciaire, cette lignée a fait preuve d'une résilience remarquable, persistant dans des zones refuges du sud de l'Europe (péninsule ibérique, Italie, Balkans) pendant plusieurs millénaires avant de succomber probablement à la pression combinée du changement climatique, réduisant son habitat de steppe, et de la chasse intensive par les populations humaines en expansion.

TAXONOMIE

La reconnaissance scientifique de cet équidé remonte au début du XXe siècle, lorsque le paléontologue italien Ettore Regalia a décrit l'espèce en 1907. La description originale s'appuyait sur des restes fossiles découverts dans la Grotta Romanelli, située près d'Otrante dans les Pouilles, ce qui a inspiré son épithète spécifique faisant référence à l'ancien nom de la ville (Hydruntum). Pendant des décennies, le statut exact de cet animal a fait l'objet de vifs débats au sein de la communauté scientifique. Certains chercheurs l'ont longtemps considéré comme une sous-espèce de l'hémione asiatique, voire comme un parent proche des zèbres africains en raison de certaines similitudes dentaires. Ce n'est que grâce à l'accumulation de découvertes archéozoologiques et aux avancées de l'ADN ancien que le consensus s'est orienté vers la reconnaissance d'une espèce valide et distincte, propre au Quaternaire européen.

CLASSIFICATION

SOURCES

* Liens internes

Fossilworks Paleobiology Database (PBDB)

Wikipédia

* Liens externes

Prehistoric Fauna

* Bibliographie

Regalia, E. (1907). "Sull' Equus (Asinus) hydruntinus Regalia della grotta di Romanelli (Castro, Lecce)". Archivio per l'Antropologia e l'Etnologia.

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Boulbes, N., & van Asperen, E. N. (2019). "Biostratigraphy and palaeoecology of European Equus". Frontiers in Ecology and Evolution.

Crees, J. J., & Turvey, S. T. (2014). "Holocene extinction dynamics of Equus hydruntinus, a late-surviving European megafaunal mammal". Quaternary Science Reviews.

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Véra Eisenmann. (1979). Les métapodes d'Equus sensu lato (Mammalia, Perissodactyla). Geobios (Volume 12, Fascicule 6)

Jean-Luc Guadelli. (1987). Contribution à l'étude des zoocénoses préhistoriques en Aquitaine (Würm ancien et interstade würmien). Université de Bordeaux I (Thèse de Doctorat d'État ès Sciences)

Jean-Luc Guadelli. (2012). Évolution des peuplements mammaliens en Europe méditerranéenne occidentale durant le Pléistocène moyen et supérieur. Quaternaire (Revue de l'Association Française pour l'Étude du Quaternaire).