Manimalworld
Manimalworld Encyclopédie des animaux sauvages

Hippidion


Hippidion est un genre éteint d'équidés mammaliens qui a prospéré en Amérique du Sud durant le Pléistocène, pour s'éteindre au début de l'Holocène, il y a environ 8 000 à 10 000 ans. Apparu il y a environ 2,5 millions d'années suite au Grand Échange Faunique Interaméricain, cet animal se distinguait par une stature robuste, avoisinant la taille d'un poney moderne ou d'un âne, soit environ 1,40 mètre au garrot. La caractéristique anatomique la plus remarquable de cet herbivore résidait dans la structure unique de ses os nasaux, suggérant une adaptation évolutive spécifique, potentiellement liée à des environnements froids ou d'altitude. Bien que contemporain des premiers peuplements humains en Amérique du Sud, Hippidion a disparu lors de la grande vague d'extinction de la mégafaune quaternaire.


Hippidion
Illustration d'une espèce du genre Hippidion
Auteur: Robert Bruce Horsfall
All rights reserved (Tous droits réservés)


TAXONOMIE

L'histoire scientifique du genre Hippidion débute formellement au XIXe siècle. Le célèbre paléontologue britannique Richard Owen a établi le genre en 1869, en se basant sur des restes fossiles découverts en Amérique du Sud. Dès sa description initiale, ce cheval préhistorique a intrigué les chercheurs en raison de la morphologie singulière de son crâne. En effet, l'incisure nasale très profonde, qui remonte loin en arrière sur le crâne, le distinguait nettement des chevaux modernes (Equus). Pendant longtemps, cette particularité a conduit les paléontologues à croire que Hippidion descendait d'une lignée très ancienne d'équidés nord-américains, les Pliohippus, qui auraient divergé du tronc commun il y a plus de 10 millions d'années, bien avant l'apparition des chevaux modernes.

Cette hypothèse classique positionnait Hippidion comme une "reliques" archaïque, isolée en Amérique du Sud bien avant la formation complète de l'isthme de Panama. Cependant, cette vision a été radicalement bouleversée par l'avènement de la paléogénétique au début du XXIe siècle. L'analyse de l'ADN mitochondrial extrait d'os fossiles bien conservés (notamment ceux de H. saldiasi trouvés en Patagonie) a révélé une proximité génétique inattendue avec le genre Equus.

Les données moléculaires indiquent désormais que la divergence entre Hippidion et les chevaux modernes est beaucoup plus récente qu'on ne le pensait, remontant à environ 2,5 millions d'années seulement. Cela signifie que l'ancêtre d'Hippidion était un cheval relativement "moderne" qui a migré vers le sud peu après la formation de l'isthme de Panama, lors du Grand Échange Faunique Interaméricain. Une fois isolé sur le continent sud-américain, ce groupe a évolué rapidement pour acquérir ses caractéristiques morphologiques uniques, un phénomène de spéciation rapide probablement induit par la colonisation de nouvelles niches écologiques vierges de tout autre équidé. Ce renversement de perspective constitue un cas d'école en paléontologie, illustrant comment les données moléculaires peuvent corriger des arbres phylogénétiques basés uniquement sur l'anatomie osseuse, où des convergences évolutives peuvent parfois brouiller les pistes.


LES ESPÈCES

Le genre Hippidion regroupe plusieurs taxons dont la validité a été affinée par les découvertes paléontologiques récentes et les bases de données de référence. Actuellement, la communauté scientifique s'accorde généralement sur l'existence de trois espèces majeures, chacune adaptée à des niches écologiques distinctes du continent sud-américain.

La première espèce notable est Hippidion saldiasi (décrite par Roth en 1899). Ce taxon est particulièrement emblématique, car ses fossiles sont fréquemment retrouvés dans la région de la Patagonie, notamment au Chili et en Argentine. Hippidion saldiasi semblait adapté aux environnements ouverts et froids des steppes patagoniennes. C'est d'ailleurs sur cette espèce que de nombreuses études d'ADN ancien ont été réalisées, permettant de mieux comprendre la phylogénie du groupe. Sa persistance jusqu'à des périodes très récentes (Holocène précoce) en fait un candidat probable pour des interactions avec les populations humaines paléoindiennes, comme le suggèrent certaines découvertes archéologiques dans des grottes de la région, telle que la Cueva del Milodón.

Une autre espèce prédominante est Hippidion principale (souvent attribuée à Lund, 1846, initialement sous le genre Equus, puis reclassée). Il s'agit généralement de la forme la plus massive du groupe. Contrairement à son cousin de Patagonie, Hippidion principale occupait principalement les vastes plaines de la région pampéenne et du Brésil. Sa morphologie plus lourde et ses membres robustes indiquent une adaptation à des terrains de plaine, où il cohabitait probablement avec une autre espèce d'équidé, Equus neogeus. Les restes fossiles suggèrent que cet animal disposait d'une grande capacité de dispersion géographique à travers les basses terres tempérées et tropicales de l'Amérique du Sud.

Enfin, Hippidion devillei (décrit par Gervais, 1855) représente la forme adaptée aux hautes altitudes. Ses fossiles ont été principalement mis au jour dans les régions andines, ce qui suggère une spécialisation écologique remarquable pour les environnements montagneux. Cette espèce se distingue souvent par une taille légèrement plus modeste et des adaptations squelettiques permettant de naviguer dans les reliefs accidentés des Andes. La répartition de Hippidion devillei illustre parfaitement la radiation adaptative du genre qui, une fois arrivé sur le continent, a su coloniser une grande diversité de biotopes, des plaines côtières jusqu'aux hauts plateaux.


CLASSIFICATION


Fiche d'identité
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
Sous-embranchementVertebrata
Super-classeTetrapoda
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdrePerissodactyla
FamilleEquidae
GenreHippidion
Décrit parRichard Owen
Date1869

SOURCES

* Liens internes

Fossilworks Paleobiology Database

Wikipédia

* Liens externes

Global Biodiversity Information Facility (GBIF)

Wikimédia Commons

* Bibliographie

Alberdi, M. T., & Prado, J. L. (1993). Review of the genus Hippidion Owen, 1869 (Mammalia: Perissodactyla) from the Pleistocene of South America. Zoological Journal of the Linnean Society, 108(1), 1-22.

Der Sarkissian, C., et al. (2015). Mitochondrial genomes reveal the extinct Hippidion as an outgroup to all living equids. Biology Letters, 11(3).

Owen, R. (1869). On Fossil Teeth of Equines from Central and South America. Proceedings of the Royal Society of London.

Prado, J. L., et al. (2015). New records of Hippidion principale and Equus neogeus from Salado River (Buenos Aires Province, Argentina). Ameghiniana.