Le genre Dolichotis regroupe des rongeurs sud-américains appartenant à la famille des Caviidae. Ces animaux, uniques par leur morphologie intermédiaire entre les lièvres et les cobayes, peuplent les steppes et les zones semi-arides du sud de l'Amérique du Sud. Leur adaptation à des environnements hostiles et leur comportement social complexe en font de bons sujets d’étude pour les écologistes et les taxonomistes. Bien que souvent méconnus, les Dolichotis jouent un rôle écologique clé dans leurs écosystèmes, tout en étant menacés par la fragmentation de leur habitat et les activités humaines.
Le genre Dolichotis compte deux espèces distinctes Source photos
LES ESPÈCES
Selon la classification actuelle, l'ITIS reconnaît deux espèces distinctes formant le genre Dolichotis :
L'histoire de la classification du genre Dolichotis est marquée par une clarification progressive. Bien que la première espèce, Dolichotis patagonum, ait été décrite par Zimmermann dès 1780, le genre lui-même a été formellement établi plus tard par le zoologiste français Anselme Gaëtan Desmarest en 1820. Plus tard, une seconde espèce, Dolichotis salinicola, a été ajoutée au genre par Hermann Burmeister en 1876. La taxonomie de cette dernière a fait l'objet de discussions, certains scientifiques la plaçant dans un genre distinct, Pediolagus. Toutefois, la communauté scientifique s'est accordée sur une classification unifiée, basée sur les preuves génétiques et morphologiques, pour réintégrer Dolichotis salinicola dans le genre Dolichotis.
Les caviidés se sont différenciés en Amérique du Sud à partir du Miocène moyen, période marquée par une grande diversification des rongeurs hystricognathes après leur arrivée sur le continent sud-américain via un ancien pont insulaire depuis l’Afrique. Cette radiation a donné naissance à des formes écologiquement très variées, allant de petites espèces fouisseuses jusqu’à de grands herbivores des savanes.
Les fossiles attribués à Dolichotis apparaissent au Pléistocène inférieur et moyen d’Argentine, où Ameghino décrivit Dolichotis intermedia et Dolichotis platycephala. Ces espèces éteintes montrent que les maras occupaient déjà les paysages ouverts et semi-arides des pampas au Pléistocène, témoignant d’une adaptation précoce à la vie terrestre cursoriale. Morphologiquement, les membres allongés et les griffes robustes traduisent une spécialisation vers la course et la fouille superficielle, à mi-chemin entre le lapin et l’antilope dans leur niche écologique.
Au cours de leur histoire, les maras ont dû faire face à la concurrence d’autres herbivores sud-américains, comme les lièvres introduits plus tard, mais aussi aux changements climatiques du Quaternaire, qui ont façonné la distribution actuelle de Dolichotis patagonum. L’évolution des maras illustre un cas remarquable de convergence évolutive : bien que rongeurs, ils partagent avec les lagomorphes une morphologie et un comportement similaires, résultat d’adaptations analogues aux milieux ouverts.