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Eohippus


Eohippus est un genre éteint de petits ongulés appartenant à la famille des équidés. Ce mammifère emblématique vivait en Amérique du Nord durant l'Éocène inférieur, plus précisément à l'étage Yprésien, il y a environ 56 à 47 millions d'années. De la taille approximative d'un renard ou d'un chien moyen, cet animal ne dépassait guère trente centimètres au garrot. Contrairement aux chevaux modernes, il possédait un dos voûté et des membres terminés par des coussinets plantaires, avec quatre doigts aux pattes antérieures et trois aux postérieures. Habitant des forêts chaudes et humides, Eohippus était un brouteur se nourrissant de feuilles tendres et de fruits, représentant l'une des toutes premières étapes de l'évolution de la lignée chevaline.


Eohippus
Eohippus augusidens est la seule espèce connue du genre Eohippus
Auteur: Charles Knight
CC0 (Domaine public)


TAXONOMIE

L'histoire de la classification d'Eohippus est l'une des plus complexes et fascinantes de la paléontologie des vertébrés, marquée par plus d'un siècle de confusion avec le genre européen Hyracotherium. Tout commence en 1876, lorsque le célèbre paléontologue américain Othniel Charles Marsh découvre un squelette complet dans le bassin de Bighorn. Frappé par l'ancienneté du spécimen et ses traits primitifs, il le baptise Eohippus, le positionnant immédiatement comme l'ancêtre fondamental des chevaux. Cette découverte vient alors brillamment soutenir la théorie de l'évolution de Darwin, offrant une séquence transitionnelle presque parfaite. Cependant, quelques décennies plus tôt, en 1841, Richard Owen avait décrit en Angleterre un petit mammifère nommé Hyracotherium ("bête semblable au daman"), sur la base de restes fragmentaires.

Au début du XXe siècle, une comparaison anatomique réalisée par Clive Forster Cooper suggère que les fossiles américains de Marsh et les spécimens anglais d'Owen sont si proches qu'ils devraient appartenir au même genre. En vertu des règles de nomenclature qui privilégient le nom le plus ancien, Eohippus est alors mis en synonymie avec Hyracotherium. Pendant des décennies, les manuels scolaires et les musées ont ainsi présenté l'ancêtre du cheval sous le nom d'Hyracotherium, reléguant Eohippus au rang de simple appellation populaire ou de synonyme invalide. Cette fusion a longtemps masqué la diversité réelle des périssodactyles de l'Éocène, regroupant sous une même étiquette des lignées distinctes évoluant de part et d'autre de l'Atlantique.

Ce consensus a volé en éclats en 2002 grâce aux travaux majeurs de David J. Froehlich. En réexaminant l'ensemble des équidés primitifs, ce chercheur a démontré que l'espèce type européenne, (Hyracotherium leporinum, n'était pas un équidé ancestral, mais appartenait à une autre famille, les Palaeotheriidae, une branche cousine aujourd'hui éteinte sans descendance. Par conséquent, le nom Hyracotherium ne pouvait plus s'appliquer aux ancêtres directs du cheval trouvés en Amérique. Froehlich a donc ressuscité le genre Eohippus pour désigner spécifiquement les formes nord-américaines. Cette révision a clarifié l'arbre phylogénétique : Eohippus est bien le véritable "cheval de l'aube" appartenant aux Equidae, tandis que le terme Hyracotherium doit être restreint aux paléothères européens. Cette distinction est aujourd'hui acceptée par la majorité de la communauté scientifique, redonnant à la découverte de Marsh sa place légitime.


ESPÈCES

Le genre Eohippus ne compte aujourd'hui qu'une seule espèce valide reconnue par la majorité des bases de données taxonomiques modernes : Eohippus angustidens (Cope, 1875). Cette classification résulte d'un long travail de révision des spécimens fossiles découverts en Amérique du Nord. À l'origine, plusieurs formes avaient été décrites, mais les analyses morphologiques poussées ont permis de regrouper ces variations au sein d'une entité biologique cohérente. L'animal présentait une morphologie gracile adaptée à la course dans les sous-bois denses, bien que sa vitesse fût sans doute inférieure à celle des équidés actuels.

Il est important de noter que l'espèce type originale décrite par Othniel Charles Marsh, nommée Eohippus validus, est désormais considérée comme un synonyme junior d'Eohippus angustidens. En effet, le paléontologue Edward Drinker Cope avait décrit des restes similaires un an plus tôt sous le nom d'Orohippus angustidens. Lorsque le genre Eohippus a été rétabli comme distinct, la règle de priorité a imposé l'usage de l'épithète spécifique créé par Cope. Les fossiles de cette espèce abondent dans les formations géologiques de l'ouest américain, comme celles du Wyoming et du Nouveau-Mexique, témoignant d'une population prospère durant l'optimum climatique de l'Éocène.


CLASSIFICATION


Fiche d'identité
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
Super-classeTetrapoda
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdrePerissodactyla
FamilleEquidae
GenreEohippus
Décrit parOthniel Charles Marsh
Date1876

SOURCES

* Liens internes

Fossilworks Paleobiology Database

Wikipédia

* Liens externes

Global Biodiversity Information Facility (GBIF)

Wikimedia Commons

* Bibliographie

Froehlich, D. J. (2002). "Quo vadis eohippus? The systematics and taxonomy of the early Eocene equids (Perissodactyla)". Zoological Journal of the Linnean Society, 134(2), 141-256.

Marsh, O. C. (1876). "Notice of new Tertiary mammals". American Journal of Science, 12, 401-404.

Cope, E. D. (1875). "Systematic Catalogue of Vertebrata of the Eocene of New Mexico". Geographical Surveys West of the 100th Meridian.

MacFadden, B. J. (1992). Fossil Horses: Systematics, Paleobiology, and Evolution of the Family Equidae. Cambridge University Press.

Gould, S. J. (1991). "The Case of the Creeping Fox Terrier Clone" in Bully for Brontosaurus.